Après presque un mois passé à l'hospice de Saint-Affrique, l'enfant sauvage est transféré à Rodez, à la capitale du département, où le naturaliste Pierre Joseph Bonnaterre s'empare de lui pour le décrire en détail en l'intégrant dans toute une série d'enfants sauvages qu'on avait trouvés avant celui-ci.

...notre Sauvage [...] se sert, à la vérité, de quelques signes, qu'il a appris depuis qu'il est dans la société, pour faire connaître ses principaux besoins et les moyens qui peuvent les satisfaire; mais il est totalement dépourvu du don de la parole, et ne fait entendre que des cris et des sons inarticulés. Peut-être est-ce un défaut de conformation dans les organes de la voix; peut-être est-ce une suite de la blessure qu'il a reçue sur la glotte; mais en supposant même qu'il eût parlé autrefois, il est certain qu'ayant resté pendant un certain tems hors de toute communication avec les hommes, il aurait perdu l'usage de la parole. [...] S'il manifeste quelques idées, elles ont pour objet les moyens d'entretenir son existence; si on reconnaît, en lui, quelque principe de raison, il ne l'applique qu'au besoin de lui-même; s'il semble posséder quelque trace de mémoire, il ne l'exerce que sur ce qui est relatif à la conservation de son individu. L'esprit d'un homme privé du commerce des autres, est si peu exercé, si peu cultivé, qu'il ne pense qu'autant qu'il y est indispensablement forcé par les objets extérieurs. Le plus grand fonds des idées des hommes est dans leur commerce réciproque. (pp. 35-37).

 
  Vitrine 7
       
       
      3 Pierre Joseph BONNATERRE (vers 1752 - 1804)
Notice historique sur le sauvage de l'Aveyron, et sur quelques autres individus qu'on a trouvés dans les forêts, à différentes époques.
Paris: chez la Veuve Panckoucke, An VIII [1799/1800]. IV, 50 pp.
Prêt: Sächsische Landesbibliothek - Staats- und Universitätsbibliothek Dresden, cote Physiol. 595.