Il est un point de grammaire sur lequel les écrivains ne sont d'accord ni entre eux ni avec eux-mêmes; c'est de savoir si l'on doit dire: j'ai appris que vous étiez, ou que vous êtes malade, en parlant à une personne qui est actuellement malade, et pour poser la question d'une manière générale, si lorsque dans une phrase où il y a deux verbes correspondants dont /l'un/ exprime une époque passée, et l'autre, une époque présente, on doit mettre l'imparfait au second membre. L'académie /françoise/ consultée sur cette difficulté, la résolut, et donna une règle, dont la rédaction fut confiée à D'alembert, son secrétaire-perpétuel. Le c. Domergue a a lu une dissertation sur cette question importante, qu'on ne peut traiter philosophiquement qu'en remontant au principe idéologique des époques grammaticales. il approuve la phrase que condamne l'académie, dont le jugement lui paroît manquer de clarté dans la rédaction, de vérité dans les motifs, de justesse dans l'application. Notre collègue est d'avis que le second verbe doit obéir, non au premier verbe, mais à la pensée. Des grammairiens sans philosophie, des écrivains sans principes, croient avoir raison, quand ils ont invoqué l'usage.

"L'usage, leur répond le c. Domergue, l'usage, dont vous aimez tant à vous prévaloir, quand vous croyez l'avoir pour vous, a-t-il réellement un empire sans bornes? Les caprices peuvent-ils renverser les lois fondamentales, et changer les essences? Que l'usage rajeunisse de vieux mots,